Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Une Française à New York
3 juin 2007

Ellis Island

imagestraduction de la légende : Cette mère et son enfant, si belles, sont assises à l'extérieur de la cellule de détention. Parfois 1700 immigrants étaient parqués dans une pièce conçue pour en accueillir 600. Reportage photographic par Lewis W. Hine, 1905.

Ellis Island a été du 1e janvier 1892 au 19 novembre 1954 le centre d'immigration des Etats-Unis d'Amérique. Symbole fort chéri par les Américains, cette bâtisse aujourd'hui classée monument historique n'était ni plus ni moins qu'une prison où les immigrants étaient parqués dans des conditions très rudimentaires jusqu'à l'examen de leur dossier et leur entrée sur le sol américain - ou leur rejet.

Jusqu'en 1891, le centre d'immigration était situé à Fort Clinton, à la pointe sud de Manhattan (aujourd'hui dans l'enceinte de Battery Park). Mais les New-Yorkais se plaignaient de la présence de ces étrangers soupçonnés d'être porteurs de maladies (toujours le même vieux thème manichéen : l'Amérique, pays moderne et puissant, contre le reste du monde, pays barbares sous-développés). Pour cette raison et pour éviter que les détenus ne s'échappent, le centre a été transféré sur une île achetée au cultivateur Samuel Ellis.
Oui, j'ai bien écrit "les détenus", car c'est ça l'Amérique, pays des libertés : la première chose que les immigrants en voyaient, c'était une prison. Le centre fait aujourd'hui office de musée et c'est le terme employé sur les panneaux informatifs : the detainees. A partir de 1924 et la loi des quotas d'immigration, l'île devient officiellement un centre de détention : la liberté n'est l'attribut que des Américains, les étrangers n'ont visiblement pas les mêmes droits.

Dès leur sortie du bateau, les immigrants entraient dans le centre en file indienne, encadrés par d'intimidants soldats qui les observaient à la recherche des signes de 60 maladies physiques et mentales, la présence de tels symptômes justifiant à elle seule l'expulsion du porteur. Les soldats avaient en moyenne 6 secondes pour observer chaque arrivant. Puis un examen médical plus poussé les attendait à l'intérieur, notamment l'examen des yeux : un toubib soulevait leurs paupières avec un crochet à boutons (dixit Wikipedia).
L'examen administratif suivait alors. Lorsque j'ai visité le lieu, j'ai entendu un ranger commenter la visite pour un groupe de touristes américains : "Imaginez, disait-il, que si vous aviez voulu entrer sur le sol américain à cette époque, l'inspecteur de l'immigration vous aurait demandé de combien d'argent vous disposiez". Murmures incrédules dans l'assemblée. Ils ne savent visiblement pas (et le ranger non plus) que c'est toujours le cas : aujourd'hui dieu merci on ne vous met plus en prison lorsque vous voulez venir aux USA, mais pour obtenir un visa il faut toujours présenter ses relevés de compte bancaire à l'ambassade.
Les personnes refoulées devaient repartir sur le bateau les ayant amenées. Si un enfant de moins de 10 ans était refoulé, un adulte l'accompagnait mais si l'enfant avait au moins 10 ans, un adulte voulant l'accompagner devait payer un billet au tarif plein ou l'enfant était laissé à lui-même. Car il était courant de séparer les familles !

Le centre devenu musée propose une expo photo permanente : l'un des photographes exposés, qui montre des photos prises après la fermeture du centre, dit avoir eu constamment le sentiment d'être entouré de fantômes, et c'est en effet la sensation que j'ai ressentie. Pas comme dans une prison, mais bien comme dans un camp de concentration.

Publicité
Commentaires
A
Oui, cette partie de l'Histoire americaine, l'immigration a Ellis Island, m'a toujours beaucoup touchee -comme ca doit etre horrible de faire tout ce voyage avec le coeur plein d'espoir, de tout abandonner, famille, patrie et biens materiels au profit d'un monde meilleur -croyaient-ils... juste pour se faire traites comme des chiens des leur arrivee et se voir refuser l'acces au bonheur dans ce beau pays qu'est l'Amerique... vraiment horrible, tout comme cette ancienne loi de l'alphabetisation -le moyen sur d'exclure toutes les petites gens de l'epoque.<br /> <br /> L'immigration est toujours un sujet sensible, en Amerique comme dans tous les pays dits "developpes". D'ailleurs, meme avec un mari americain, j'ai eu moi aussi beaucoup de mal a obtenir mon visa, et lors de l'entrevue on m'a pose des tas de questions auxquelles je ne m'attendait pas! Lorsque l'employe m'a demande si j'etais une prostituee en me regardant bien dans les yeux, mon mari a voulu protester mais on lui a simplement enjoint de la fermer! passage oblige j'imagine...<br /> <br /> Ton blog est tres bien fait!!
E
oh, jsuis contente car il y a quelques mois je consultais ton blog,et puis je l'avais perdu, il n'était plus dans ma liste "favoris" et là je le retrouve grâce à un lien! jsuis ravie de te lire à nouveau!
C
Bel article poignant ...<br /> Pour ton blog de scrap tu l'a supprimé ? Si oui quel dommage ;-(
F
Ca devait être horrible de se faire recevoir aux etats-Unis de cette façon-là ... Quel manque d'humanité...<br /> <br /> Je me demandais, tu n'aurais pas supprimé ton blog de scrap, car je ne parviens pas y aller ?<br /> <br /> Biz
S
emily rose, si tu veux du paranormal, je peux te présenter ma BM... :o)
Archives
Publicité
Publicité